La disparue de San Juan – Argentine, octobre 1976

Marie-Ann330-0fdf6e Erize Tisseau est née de parents français le 28 mars 1952 à Espartillar, une petite ville de la pampa dans la province de Buenos Aires. Elle grandira ensuite pas loin des chutes d’Iguazú avant revenir sur la capitale.

Dans les années 70, attiré à la fois par la mode et l’aide aux plus pauvres, elle intégrera petit à petit le mouvement antigouvernemental Montoneros (sans jamais prendre elle même les armes cependant). Avec son compagnon Daniel Rabanal, elle doit quitter la capitale pour des questions de sécurité et pars vivre quelques mois à Mendoza avant que celui-ci ne se fasse arrêter le 6 février 1976, peu de temps avant la mise en place de la dictature militaire pure et dure le 24 mars. Il passera toutes les années de celle-ci en prison, ce qui le sauvera de l’arbitraire de la dictature…

Marie-Anne se réfugie alors dans la petite ville de San Juan, à 150km au nord, refuse de quitter le pays pour revenir en France et souhaite rester aider les personnes dans le besoin sur le terrain. Enlevée le 15 octobre 1976 devant un magasin de cycles à San Juan, un de ses amis se fait alors froidement abattre. Elle n’a alors que 24 ans. On ne la retrouvera jamais comme malheureusement 30000 personnes environs dont 20 français ! Elle serait décédée peu de temps après dans un complexe sportif transformé en centre de torture : La Marquesita.

Serait, conditionnel, car du jour de son arrestation, il n’y a plus de trace claire. Le militaire local, un certain Jorge Olivera depuis transformé en avocat, a réussi à passer entre les mailles du filets. Une première fois en Italie en 2000, une seconde grâce à une décision de justice incroyable (arrêté le 3 novembre 2008, il est remis en liberté provisoire en 2010), une dernière après son procès où il a finalement été condamné le 4 juillet 2013 à perpétuité et 25 ans de prison. Vingt jours plus tard, il va pour un traitement dermatologique à l’hôpital militaire Cosme Argerich de Buenos Aires, et s’échappe au bout de quelques heures ! Les militaires en Argentine n’ont pas encore tous fait acte de repentance… Jorge Olivera est désormais un homme recherché par toutes les polices du monde.

Un livre retraçant l’itinéaire étonnant de Marie-Anne a été écrit en 2010 par Philippe Broussard (ISBN 2234062519 paru chez Stock). C’est un témoignage poignant, parfois un peu longuet, sur une période sombre d’un grand pays mais aussi sur cette jeune femme franco-argentine et sa famille qui doivent vivre depuis des années avec cette disparition. Le livre devrait être disponible dans toute bonne bibliothèque !

Pour approfondir le sujet, voici quelques liens : El Correo (2012), RTL (2011), Le Monde (2011), L’Express (2013).

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2 réponses à La disparue de San Juan – Argentine, octobre 1976

  1. Sophie Malvoisin dit :

    sur le même sujet, je vous conseille également l’excellent « Mapuche » de Caryl Ferey
    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire/Thrillers/Mapuche
    bises
    Sophie

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