Le barrage d’Itaipu, de plus de 7km de large, a pendant été longtemps le plus puissant barrage du monde (14GW). Il est désormais second derrière le médiatique Trois Gorges en Chine (22GW). Cependant, en terme de kWh donc d’énergie sur l’année, il en fabrique souvent plus ! Comment cela est-ce possible ? Le barrage est dans une zone humide, entre le Paraguay et le Brésil, à 20 km au nord de l’Argentine, ce qui lui permet de fonctionner à plein régime toute l’année via 18 des 20 de ses turbines Francis. En effet, via la convention entre le Paraguay, le Brésil et l’Argentine, 2 turbines doivent être à l’arrêt.
Cela semble compliqué et cela l’est. En effet, le barrage est binational. La moitié est au Brésil et la moitié ouest au Paraguay. 10 turbines chacun. Mais le Paraguay n’a besoin que d’une seule turbine pour 90% de ses besoins en électricité (les 10% restant provenant d’autres barrages). Il vend donc son électricité au Brésil… A vrai dire, il n’a pas le choix, il est obligé de vendre au Brésil, à un tarif décidé par le Brésil, mais cela est une autre affaire !
La zone binationale est donc un territoire commun et le centre de contrôle est positionné dans l’immeuble construit au milieu du barrage. Vu que les opérateurs sont dos au barrage, le Brésil est à gauche et le Paraguay à droite. Sauf pour le café ou les urgences, les ingénieurs évitent de franchir la ligne que l’on perçoit sur le sol surtout que par défaut, les brésiliens parlent le portugais et les paraguayens l’espagnol. L’ensemble du site est sous haute surveillance. D’ailleurs, pour pouvoir visiter le barrage de près et renter dedans, il faut avoir plus de 14 ans et passer une douane de type aviation avec passeport, contrôle au rayon X et fouille…
Sur les photographies du haut, on aperçoit à gauche le trop plein du barrage, il est gigantesque comme tout ici. Le barrage en lui même fait 196m de haut, chaque tube blanc est une conduite forcée débouchant sur une turbine de 750MW de puissance (une tranche nucléaire ~900MW), enfin le lac ne fait que 150km de long… Celui-ci a été rempli en seulement 15 jours en octobre 1982, ce qui semble assez incroyable ! Cela donne une idée du volume d’eau qui passe par là.
Que viens faire l’Argentine dans tout cela ? Pas grand chose en réalité. Elle n’est intervenu qu’à la fin du dossier, uniquement parce que le Rio Parana, en cas d’ouverture en grand des vannes du barrage, met sa capitale Buenos Aires sous les eaux !