Le canal du Midi démarre à Sète dans l’étang de Thau pour finir à Toulouse et enchaîner sur le canal de Garonne le tout formant le canal des Deux-Mer. Le trajet est loin d’être plat même si, s’agissant d’un canal, il est partout quasiment horizontal ! Dans sa première partie cependant, le long de la méditerranée, il est proche du niveau de la mer et doit franchir quelques rivières dont le problématique Libron. En effet, celui-ci est très capricieux, passant du simple ruisseau au torrent de boues à la fonte des neiges ou en cas d’orages… Mais le problème principal est que le canal du Midi et le Libron sont au même niveau. Impossible de faire passer l’un au dessus ou au dessous de l’autre ! Au cours des temps, trois solutions ont été mises en place :
- Dans la première période, 100 ans environ, le Libron traversait tout simplement le canal fermant celui-ci lors des crues et surtout le remplissant de limons aux abords.
- Puis durant un peu moins de 100 ans, un système de radeau ayant une plaque à chaque extrémité était positionné au carrefour lors des crues empêchant le Libron de se déverser dans le canal. Cette solution pas si simple à mettre en place, surtout de nuit, bloquait le canal lors de chaque crue, soit une vingtaine de fois par an !
- Enfin l’Ouvrages du Libron fut construit. Il s’agit d’un ouvrage assez unique constitué de deux parties, comme deux portes et une zone centrale, un peu comme une grande écluse…
Comment le Libron peut-il franchir le canal sans interrompre celui-ci ? La solution est toute bête mais encore fallait-il y penser. Il suffit de couper le lit du Libron en deux et de faire deux passages. En cas de crue, un ou les deux passages sont ouverts. Si une péniche se présente, on ferme l’un des passage afin de permettre à la péniche de se placer au milieu de l’ouvrage puis par un jeu de leviers et de vannes, on ferme ce premier passage avant d’ouvrir le second. L’ouvrage est ainsi constitué de deux parties symétriques.
Chaque porte est constituée de six alvéoles dont quatre aménagées avec des demi caissons suspendus par des chariots roulant sur des rails qu’il suffit de faire coulisser pour former quatre petits lits cote à cote. Des vannes sur les murs extérieurs permettant alors à l’eau de s’écouler dans ces quatre tubes. Comme pour l’intégralité d’un ancien canal, tout devait pouvoir être manipulés avec la seule force humaine. Un système de contrepoids permet d’équilibrer l’ensemble. Par sécurité pour les crues exceptionnelles, une alvéole est libre de chaque coté des quatre aménagées portant à douze l’ouverture maximale.
Ainsi, par tout temps, avec moult manipulation de leviers, un bateau pouvait franchir le Libron. L’ouvrage fonctionne encore aujourd’hui même si, pour des raisons pratiques, il a été électrifié.