Que se passe t-il lorsque 10.000 personnes marchent et passent exactement au même endroit ? Il se passe qu’une sente étroite se forme… Avec le temps et encore un peu de passage, elle devient il et prends l’appellation de sentier, petite étape sur la route du futur chemin !
Dans les bois, les bêtes, sauvages ou pacifiques, prennent elles-aussi souvent les mêmes itinéraires et il est classique de tomber sur une sente quelques dizaines de mètres avant qu’elle ne disparaisse de nouveau. En montagne, le nombre de chemins différents est souvent plus réduit menant ainsi tout le monde sur le même sentier.
Cependant, à force de vouloir gagner du temps, certains montent tout droit ou coupent les épingles à la descente. Ni une ni deux, voila rapidement des saignées dans un écosystème d’altitude où la végétation a besoin de temps pour grandir. Aussi, pour rajouter du noir au tableau, surtout par temps d’orage, la pluie ravine les zones sans végétation et renforce les raccourcis.
Que faire pour préserver la nature et empêcher les pressés de tout casser ?
Il y a plusieurs solutions à cette question. L’une d’elle consiste à éduquer en essayant de faire prendre conscience à ces VIP de la vitesse que prendre son temps pour suivre le chemin est un bonne chose pour nos suivants. C’est la voie choisie par le parc de la chartreuse au Charmant Som pour tenter de protéger son alpage sommital de la ruée journalière des randonneurs. Ainsi devant chaque raccourci, chaque zone menant à une route directe verticale, un petit panneau de plastique Natura 2000 nous rappelle que la pelouse a juste besoin de temps et non de chaussures pour protéger les sols d’une érosion certaine et rapide.
Après quelques années de pédagogie, la route directe le long de la crête, si souvent empruntée par le passé par votre humble serviteur, est enfin en train de disparaître. Le marquage au sol s’efface un peu plus d’année en année. Mais dans les lacets de la route principales, les voies directes sont légions. Espérons qu’elles aussi s’effacent comme la pluie dilue l’encre de chine sur une page blanche…
Un point négatif cependant à cette chronique d’espérance. Que fait un VTT sur ces alpages fragiles ? Pourquoi aucun panneau n’en interdit l’accès ? Je pense que ces cyclistes des cimes ne se rendent pas compte, de même que nous il y a 10 ans, des ravages des pneumatiques sur la flore…