Par une grande et belle journée d’été en Bretagne, quelle bonne idée que d’aller sur les quais de la base de sous-marin de Keroman. Dans ce haut lieu de ce territoire à fleur de sel, la mutation de Lorient vers la voile du grand large est bien ancré à quais.
Dans les arrières rues de cette presque assez minuscule si on enlève les quatre K de sa surface, on trouve quelques merveilles que 95% des visiteurs ne voient pas. Mais ouvrez donc les yeux quand vous visitez un lieu. Ne restez pas le nez sur le quai mais regardez derrière la friche. Bref, dans une arrière-cour fermée des personnes tactiles voulant toucher pour croire, se cache un paquet de bateaux identiques de couleurs toutes différentes.
Clairement, ce sont des bateaux de compétition.
En effet, je vois mal papy et mamie partir faire un petit barbecue en mer sur ces ponts-là tous les dimanches… Cela sent la coque racée, la quille typée, un gréement dormant pas du tout en sommeil mais prêt à profiter de la moindre lame d’air pour impulser une accélération radicale à l’ensemble. Au-delà qu’ils soient beaux, ils sont aussi tous pareils. Nous sommes face à des monotypes.
¿Qué es?
Ben, ce sont des bateaux tous pareils, on vient de le dire ! Une classe monotype est une classe où tous les concurrents, tous les compétiteurs, disposent du même navire sur la ligne de départ. Celui qui gagne ne gagne donc pas parce que son budget est 10 fois supérieur et qu’il a un meilleur design de coque. Non, il gagne parce que ce jour-là, il est le meilleur, il s’est mieux débrouillé et parfois a eu un petit coup de chance. Ce n’est pas toujours les marins les plus médiatiques qui gagnent, même en monotype. Mais les marins médiatiques sont loin d’être mauvais, ne le coulons pas trop vite.
Ces bateaux bien classes, ils ont un petit nom double : Figaro Bénéteau 3. Tout a du sens dans ce nom. Figaro pour la solitaire du Figaro, une des pièces maîtresses de la course depuis 1970 tout de même ! Bénéteau pour le constructeur, le numéro un mondial je pense, un peu de publicité ne fait pas de mal. Enfin 3, car la course depuis 1991 se court en monotype. Nous en sommes à la troisième génération de voilier.
C’est tout !
Vous avez rien remarqué sur ces photographies remarquables ? Les monotypes ont des moustaches, c’est la première fois que des monotypes monocoques de haute mer ont des foils. Évidement, ces bateaux n’ont pas été conçus pour faire le tour du monde, ils sont bien plus généralistes, devant naviguer à toutes les allures, mais toujours à fond. Les foils sont donc très différents de ceux des IMOCA modernes. Ils semblent inversés. N’en doutez pas, tout cela a été longuement réfléchi et testé par le cabinet d’architecture Van Peteghem Lauriot-Prévost.