Nous voici à des lieux de maintenant. Non pas cependant à l’autre bout du monde comme on pourrait le penser. En effet, le manque d’avion et les difficultés de voyager avec de la quarantaine ici ou là motive à rester ici-bas.
Ainsi sommes-nous peut-être à l’autre bout de notre ligne électrique, le bout par lequel arrivent les électrons qui repartent illico presto d’où ils viennent 50 fois par seconde. En ce jour d’été, la vue est merveilleuse sur la centrale nucléaire qu’on image au loin, dans le cap qui s’allonge, qui s’allonge et se floute dans une brume normande. Comme si on n’avait pas le droit de la photographier ! Un bon petit nuage d’eau est bien plus efficace que n’importe quel brouilleur.
Si on ne peut voir au loin, que se passe-t-il au près ? Bordons les voiles et regardons.
Une petite pointe rocheuse avance dans la mer. Juste la mer, ce n’est pas l’océan. Ce n’est pas les Antilles non plus bien que les couleurs pourraient y faire penser ainsi qu’aux atolls du pacifique. Non, c’est juste la manche.
Retroussons notre chemise et explorons.
Nous sommes sur de la pierre qui a deux milliards d’années. Nous voyons le Nez de Jobourg. Il est connu pour son panorama magnifique. Les falaises culminent à 128 mètres de haut et sont parmi les plus hautes d’Europe. Mine de rien, pas mal pour un site largement déminé après guerre… Malgré son nom, ce promontoire n’est pas un pif. Pas de petit village Gaulois aux alentours avec des personnages aux appendices bien imagés dont je tairai les noms. Nous sommes en Normandie, dans le Cotentin, sur la commune de Jobourg. Aux temps lointains, aux alentours de l’an mille, enfin des gros alentours…, ce sont les vikings et leurs descendants qui pilotent la région. Et dans leur langue, nez veut dire cap. On le retrouve encore de nos jours en norvégien avec nes et en suédois avec näs.
Ça vous fout le pif en vrac j’en suis sûr !
Voila, c’est fini. Profitez bien du nez car, avec les éboulements rocheux récurrents, un jour il ne sera plus là !