Les torrents de montagne peuvent prendre des proportions assez grandioses par temps de pluie, nous l’avons malheureusement vu dans le sud est de la France, mais aussi après un épisode de neige. Lorsque la température remonte, le jour suivant, toute la neige fond d’un coup et descends dans le bassin versant.
C’est le cas ce jour-là d’été 1997. Nous descendons la vallée au nord du magnifique Salcantay. Nous l’avons contourné par l’est la veille (voir Chinchikuma). L’objectif est le petit village de Intihuatana pas très éloigné du Machu Picchu dans lequel on retrouve cette fameuse ligne de train du Pérou qui longe le río Urubamba.
Pour le moment, il faut changer de côté. Le pont a été emporté. Nous descendons encore quelques centaines de mètres le long du torrent dans l’espoir de trouver un passage correct. Il n’est jamais facile de marcher hors sentier dès que l’on descend coté Amazonien, c’est rapidement la forêt vierge. On passe en quelques kilomètres d’un paysage alpin aride a des lianes et des plantes dans tous les sens.
Par chance, nous finissons par tomber sur ce gros tronc bien rond, bien casse gueule à traverser avec un gros sac et des grosses pompes. En pratique, je le franchirais 5 fois donc 2 fois avec un gros sac. Une première pour aller voir de l’autre côté à vide puis les suivantes pour faire passer les deux sacs à dos. Chute absolument interdite. On n’est pas à 3 cm de l’eau et guère plus loin, la rivière part dans des rapides qui ne donnent pas du tout envie… même si la photo ci-dessus, le torrent dans une vue un peu plus haute ne semblait pas si méchant que cela.
Il faut bien voir qu’on n’a pas de GPS à l’époque, on pense savoir où on est mais rien n’est complètement sur. Il est difficile d’avoir des cartes précises. En cas d’accident, de cheville foulée ou cassée, pas d’hélico, pas de téléphone portable, pas de secours facile. Il faut alors remonter de plusieurs heures dans un peu hameau de la montagne espérer trouver deux personnes voulant bien nous aider.
La prudence est donc de mise…
C’est amusant car c’était la dernière réelle difficulté de cette descente. Après le verrou ayant des rapides, la piste descend tranquillement jusqu’à la ligne de chemin de fer. Cette dernière partie du voyage sera pour une autre histoire !