Compañeros

« Durant la Révolution mexicaine, le Professeur Xantos est prisonnier des Américains. Yodlaf Peterson, un trafiquant d’armes qui souhaite prendre part à la guerilla, a besoin de lui pour ouvrir le coffre de la banque où est entreposé l’argent : il décide donc de le faire évader… »

Reboot !

Quittons ce western spaghetti de 1970 se déroulant en Amérique du Sud pour avancer de quelques années et se retrouver en Uruguay, au cœur de cette Amérique. J’espère que vous placez ce pays sinon il est plus que temps de cliquer sur le lien. Souvent confondus avec le Paraguay, l’Uruguay est coincé entre l’Argentine dont le fameux río Uruguay et le Brésil. Bref, c’est un pays de bord de mer, de forêts et très humide…

Bingo, en 1973, une dictature militaire se met en place à la fin juin, comme malheureusement dans beaucoup d’autres pays de ce continent (non non, personne ne tire les ficelles, tout est parfaitement naturel… un condor passe à haute altitude !)

Bref, assez rapidement, les Tupamaros, qui ne sont pas spécialement des gentils, prônent l’action directe depuis le milieu des années 60 et sont régulièrement emprisonnés, voir exécutés. Après une forte période de répression en 1972 entraînant la mort de nombreux combattants, neuf d’entre eux seront otages des militaires de 73 à 85 : 12 ans. Douze années détenus dans des geôles sordides, subissant des tortures permanentes et menacés régulièrement d’exécution, il passeront de caserne militaire en caserne, par groupe de deux ou trois, toujours les mêmes ensemble mais avec avec interdiction totale de communiquer. De manière assez incroyable, ils s’en sortiront !

C’est trois de ces personnages historiques que le film suit durant ces années d’horreur.

Malgré légères quelques erreurs (trop de routes goudronnées, acteurs en situations physiques pas vraiment sympathiques mais non dantesque comme un amaigrissement aiguë tel qu’on du l’être les vrais prisonniers), le film transmet parfaitement cette sauvagerie humaine, tant physique que morale. On voit que malgré quelques actions humanitaires et des familles, rien n’y a fait.

Comment sors t-on un tel emprisonnement, d’un tel rouleau compresseur ? Pas toujours très bien et souvent il faut laisser du temps au temps…

Les trois personnages que le film suit tout au long de leur douze années auront par la suite un destin assez exceptionnel. Il faut dire que le mouvement Tupamaros est quasiment le seul mouvement révolutionnaire en Amérique du Sud a avoir pris un virage démocratique, ici début 1985. José Mujica (acteur Antonio de la Torre) sera le 40e président de la République, Mauricio Rosencof (acteur Chino Darín) est journaliste et directeur de la culture de la mairie de Montevideo, enfin Eleuterio Fernández Huidobro (acteur Alfonso Tort) a été élu sénateur et député plusieurs fois avant son décès en 2016. D’autres membres des 9 ont été ministres, députés, sénateurs…

À noter que le fils de Ricardo Darín est parfait, comme les tous autres acteurs, bons et méchants. Bref, à voir tant pour la qualité de la mise en scène, la reconstitution historique que pour la force du message et des destins. Un film vraiment poignant.

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